Cette année les ensembles paroissiaux de Langeac et de Saugues ont jugé nécessaires d’unir leur effort de carême au service des populations menacées par la famine à l’extrême-Nord du Cameroun et particulièrement dans le diocèse de Yagoua.

En effet, la population de Yagoua vit principalement de l’agriculture et de l’élevage même certains travaillent dans la fonction publique. C’est par  l’agriculture et l’élevage que la population se soigne (pas de sécurité sociale), se nourrit, paie la scolarité des enfants…Cette année, elle est confrontée à une invasion d’oiseaux granivores qui s’attaquent aux épis de riz, maïs, mil et de sorgho. En quelques mois, ces oiseaux ont dévasté plusieurs hectares. C’est un nouveau fléau, car on n’avait jamais vu une telle nuée d’oiseaux sur les cultures par le passé. Il y avait eu des criquets, mais pas ce genre d’oiseaux granivores qui dévastent tout sur leur passage. Face à cette catastrophe, la population est aux abois et ne sait plus à quel saint se vouer. Mais ce n’est pas tout.

Après l’invasion d’oiseaux granivores, il y a eu une horde d’éléphants qui a fait encore plus des dégâts et a arraché le sommeil aux populations. Dans le diocèse de Yagoua, le réchauffement climatique a poussé les éléphants à déserter le parc de Waza qui les hébergeait jusqu’à ce jour, pour se rapprocher des zones cultivées, causant d’importants dégâts matériels. Selon les estimations officielles, la superficie des champs dévastés ces derniers mois par des troupeaux d’éléphants en divagation s’élève à 240 hectares (rapporte l’agence Ecofin, spécialisée en information économique africaine).

Les paysans ne maîtrisant pas suffisamment les techniques de refoulement de cette espèce animale, ni les comportements à adopter quand on se retrouve en face de ces éléphants, le conflit tourne généralement au désavantage des pauvres cultivateurs qui, parfois meurent piétinés par les éléphants. En 2020, on a enregistré sept pertes en vies humaines dans le Mayo-Danay (Yagoua). La dernière victime enregistrée en fin novembre était un orphelin d’environ 18 ans, élève qui fréquentait au lycée technique de Yagoua. Il fut piétiné par un éléphant quand il voulait les chasser de son champ. Les paysans ne sont ni protégés ni dédommagés. On a l’impression que les éléphants sont mieux protégés que les hommes.

En plus des destructions provoquées par les oiseaux et les éléphants, l’extrême-Nord du  Cameroun est déjà en proie à une baisse de sa production céréalière depuis quelques années du fait de changement climatique (faible pluviométrie).

L’invasion des champs par les oiseaux granivores et les éléphants plongent inévitablement les populations de la localité de Yagoua dans la famine. Il y a des cris à entendre. C’est pourquoi les chrétiens de Langeac et Saugues, de concert avec leurs prêtres, ont répondu à ces cris en destinant l’effort de carême de cette année aux populations du diocèse de Yagoua. La somme servira à acheter de sacs de riz, mil, sorgho,  pour les distribuer aux familles qui ont tout perdu.

Au nom du Diocèse de Yagoua, je dis merci à tous ceux qui ont contribué spirituellement, moralement et matériellement au soutien de ces populations menacées par la famine.

Père Christophe.